Le panneau indiquant la "localita LINCIO", sise au-dessus de Bertonio (cf. le plan ci-dessus) | Un des 3 immeubles constituant la frazione Lincio |
L'église de San Carlo Borromeo, sur la route (ancien chemin muletier) menant à l'Alpe Veglia. Cette église est située au-dessus de la frazione Lincio | Toit de l'un des immeubles constituant la frazione Lincio |
Vue du val Divedro depuis la frazione Piagio, située juste au-dessous de la frazione Lincio | Pièce tirée du recensement de la population de Varzo en 1798 (frazione de Porta (Cuccini), mentionnant le nom de Lincio |
Armes de la commune de Varzo (St-Georges tuant le dragon) | Armes de la Province VCO (Verbania . Cusio - Ossola) |
I. Origine du patronyme
En guise d'introduction, il me semble intéressant de donner quelques explications générales sur l'histoire des noms de famille, en particulier dans la région de l'Ossola, lieu d'origine de la famille Lincio, dont je tire la source de l'ouvrage écrit par Silvana Ragozza ("Antichi Cognomi Ossolani", Edizioni Ambiente, Domodossola, 1983), dont l'aire de recherches concerne surtout la partie inférieure de l'Ossola.
Contexte historique
Après la chute de l'empire romain d'Occident, les premiers temps du Moyen-âge ne connaissaient pas l'usage du patronyme. Le vieux système onomastique de la "tria nomina" (ex : "Caius Iulius Cesar") avait laissé graduellement place au seul nom de baptême. Aux traditionnels noms latins (Antonius, Marcus, Lucius) s'étaient ajoutés, sous l'influence de la religion chrétienne, des noms d'origine grecque (Agnes, Ambrosius, Ciriacus) et hébraïque (Joseph, Johannes, Maria). Plus tard, avec l'arrivée des Goths, Francs, et Lombards, apparaissent des noms d'origine germanique (Redulfus, Otto, Bruno, Gulielmus, Gualfredus). A terme, la répétition des noms dans une même famille ou dans un même lieu nécessita de trouver un système permettant de distinguer les individus qui portaient le même nom. L'usage se répandit alors d'adjoindre un second élément qui pouvait être le nom du père (cf. les patronymes Guglielmi, Alberti, Abrami), une dénomination ethnique (desquels dérivent Spagnoli, Novarese), un nom de métier (cf. Ferrari, Fabbri, Calzolari) ou encore un surnom (cf. Zoppis, Bionda, Testone). Cet usage, devenu héréditaire, est à la base des patronymes actuels.
Aux environs du Xème siècle, les nobles vénitiens adoptèrent le principe d'adjoindre un second nom à celui de leur baptême; l'usage se répandit ensuite dans d'autres cités et les régions avoisinantes. A la Renaissance, la plupart des patronymes actuels existaient déjà. Les noms de familles seront fixés définitivement à partir de la seconde moitié du XVIème siècle, suivant en cela une disposition du Concile de Trente adoptée en 1563, qui obligeait les paroisses de tenir à jour des registres paroissiaux destinés à enregistrer les baptêmes, mariages, ainsi que les décès.
A la recherche de la signification du patroyme "Lincio"...
Je ne suis malheureusement pas en mesure actuellement d'expliquer avec suffisamment de précision l'origine exacte du patronyme "LINCIO", que l'on retrouve cité de manière continue avec cette orthographe dans les registres de la paroisse de Varzo au moins depuis le début du XVIIIe siècle (p. ex. Johannes-Antonicus Lincio, probablement né vers 1750, qui épousa Anna-Maria Carcinella, de Porta-Cuccini).
Dans les environs du bourg de Varzo, sur la route en direction de San Domenico/Alpe Veglia, se trouve le hameau de "Lincio", qui pourrait laisser à penser selon toute vraisemblance que la famille éponyme a tiré son nom de ce lieu-dit, attesté déjà depuis le début du XIVe siècle. En effet, les statuts du Val Divedro citent nommément à l'article n° 111 le même lieu-dit, soit la forêt (taillis) près des ruines de Lincio : "Item hanno ordinato che ogni bosco, di qualunque sorta sia, sia tenso nel Piaggio di Lincio e nel rovine di Lincio dal Polé a basso e dal Riazzòlo in dentro e da Maulone in fuori e dal fiume della Cairasca in su conforme le possessioni lavorate e fuori delle possessioni lavorate, Riservati i brincioli e bòscioli. Sotto pena di soldi cinque imperiali per qualsivoglia pianta." Je ne peux dire toutefois à quelle type de ruines il est fait allusion en ce début du XIVe siècle. S'agit-il déjà à cette époque de ruines d'une maison d'habitation ou d'une grange (cascina) ? (source : Statuta Vallis Diverii, du 14 juin 1321, d'après une traduction du latin en italien effectuée en 1697 par un auteur inconnu; tiré de l'ouvrage de Luciana Rigoni, "La Valle di Divedro e il Sempione", edizione b.d.p., Domodosola, 1986, p. 173)
Cette hypothèse semble plausible en regard des recherches faites par Adriano Lincio, lequel pense qu'en fait, la famille portait autrefois un autre patronyme, auquel était accolé le surnom "Lincio" (soit en italien "detto Lincio"), lié probalement à l'établissement de ses membres dans les frazione environnantes (Lincio, Piagio, Maulone et Porta).
Si je me réfère au patois de Varzo, le lieu-dit s'énonce "Linsc". A priori, il ne semble pas correspondre à un substantif particulier du patois désignant un groupe de personnes, un métier, un ustensile, un outil, un végétal, un animal ou encore un mot quelconque de la vie courante.
Sur le plan de l'homophonie, il est intéressant de noter que le patronyme "LINCIO" correspond en italien à la conjugaison à la première personne du présent du verbe "linciare" (équivalent en français :"lyncher"). Exemple : "io lincio" = "je lynche" (par extension : "j'exécute" ou condamne avec fermeté).