A. Le blason établi en 1842 par Clementi Gatti | |||
Blasonnement de l'écu (texte du tableau) Portando 1) Campo di rena caricato di cinque banderolle d'argento 2) una fascia di gola 3) Campo d'azzuro col lione d'argento, armato e lampegiato di gola Il seudo e bollato d'una corona di marchese Traduction (en français héraldique) "Coupé par une divise de gueules, bandé de dix pièces d'argent et de sable, et d'azur au lion d'argent lampassé et armé de gueules" (source : Armorial vaudois 1936-1996, p. 64, Editions Slatkine, 1996, Genève - retranscription du blasonnement en français par M. Brühlart, héraldiste) . L'écu est timbré d'une couronne de marquis (je n'ai pas pu retrouver l'origine de cette couronne de marquis, dont le titre qui y est associé pourrait s'inscrire dans la logique de la légende donnée ci-après, la marche étant historiquement la limite d'un territoire, soit royaume ou empire, en l'occurrence la République de Venise avec ses possessions en Dalmatie, dans l'actuelle Croatie). Le blason représenté ci-dessus (à gauche) apparaît dans un tableau dressé par un certain Clemente GATTI probablement en 1842. Ce tableau a les dimensions réelles de 27 x 35 cm et décrit (en italien) la désignation du blason que je reproduis ci-après avec sa traduction en langage héraldique français. Ces armoiries doivent être le résultat de recherche effectuées par le prénommé Gatti aux alentours de 1840 et se retrouvent d'ailleurs dans la descendance des différentes branches de la famille Lincio, qui apparaissent toutes provenir de la même localité de Varzo (Italie), selon les précisions obtenues de plusieurs membres des différentes branches portant le patronyme "Lincio" et toujours présentes en Suisse et en Italie (Domodossola). A la requête du webmaistre, le bason et sa description héraldique ont été enregistrés auprès des Archives cantonales vaudoises, à l'occasion de la réédition de l'Armorial vaudois, en 1996. Le blason de droite est le résultat de la stylisation de l'écu originel en vue de son enregsitrement. Légende Pour être complet, le tableau dressé par le prénommé Gatti mentionne en outre une légende destinée à donner des indications sur les origines de la famille Lincio, que je livre tel quel, bien que pouvant être sujet à caution dans sa vérité historique : "Nella granda raccolta delle legende della noblezza veniziane, pagine 954, e manzione d'un cavaliere di Lincio, che, al servizio della Republica veneziana, in 1360, era Commandante delle Galere Bastimenti. In 1371 a preso l'isola di Candida sui turchi. Si vede encore le rovine del castello dei di Lincio in Dalmazia, a 9 miglia della citta di Zara" per autentica coppia. Gatti Clemente Traduction (en français) "Dans les grands recueils de légendes de la noblesse vénitienne, page 954, est mentionné un chevalier di Lincio, au service de la République vénitienne. En 1360, il était commandant des Galères. En 1371, il prit l'île de Candida aux Turcs. On distingue encore les ruines du château des di Lincio en Dalmatie (actuelle Croatie, ex-Yougoslavie) à 9 milles de la cité de Zara (actuellement Zadar). pour copie conforme, Gatti Clemente Avis du Webmaistre du site : Je ne sais pas a priori quel crédit accorder à la légende rappelée ci-dessus. En tous les cas, les quelques recherches auxquelles je me suis livré et déplacements in situ (Zadar) pour établir la concordance des faits susmentionnés avec une quelconque réalité historique et géographique ne me permettent pas, en l'état actuel de mes recherches, de les corroborer. Mais. finalement, même si elle ne reposait sur aucun élément historique prouvé, n'est-ce pas là le charme d'une légende aussi pittoresque ou extraordinaire soit-elle ? A mon sens, bon nombre de légendes de famille entrent dans cette catégorie. |
B. Le blason des Linches ou Lenches de Marseille | |
Blasonnement de l'écu : "De gueules à une tour ronde crénelée de quatre pièces d'or ouverte de sable et un arbre de sinople issant de la tour soutenue de deux lions affrontés d'argent" La désignation héraldique de l'écu s'applique au premier blason (à gauche, soit celui adopté par la famille "Lenche"). Le second , adopté par la famille "Linches", représente une variation du premier (les deux lions affrontés à l'arbre de sinople sont au-dessus de la tour) . Les recherches auxquelles je me suis livré sur la patronyme "Lincio" m'ont conduit à découvrir cette famille d'origine corse, dont le patronyme assez proche apparaît sous différentes formes : Lenche, Linche, Lencio, Lenciu ou encore Lincio, orginaire de Morsiglia (Cap corse) et qui s'était installée en Afrique du Nord au cours du XVIe siècle pour y développer l'exploitation et le commerce de corail. Histoire et destinée : Thomas (Tommaso) Lenche ( vers 1510-1568) est le créateur de la Magnifique Comnpagnie du corail, qui établit des liaisons commerciales entre l'Afrique du Nord et Marseille, depuis le Bastion de France, en Algérie. En 1550, il obtient du dey d'Alger le droit de pêcher le corail au Massacarès, près de Bône. En 1551, le roi de France Henri II lui accorde le monopole de cette pêche, renouvelé d'ailleurs en 1560 par le roi Charles IX. En 1552, Thomas Lenche fonde le Bastion de France, sur un site proche de la Calle, avec le concours de ses neveux, Viscente (v.1545-1580) et Antonio Lenche (v.1540_1588), ainsi que de ses cousins corses de Marsiglia, de la famille Porrata. Le développement de cette activité commerciale est rapide et spectaculaire, avec d'importants profits. La Compagnie compte bientôt 250 pêcheurs, répartis sur 50 navires. Le corail est alors un produit de luxe utilisé en orfévrerie pour la confection de colliers et de chapelets. Avec le temps, les Lenche diversifient leurs activités et deviennent des brasseurs d'affaires, en se lançant aussi dans le trafic de contrebande avec le dey d'Alger. Ils se positionnent finalement comme des acteurs incontournales du commerce entre Alger et Marseille. Avec la résussite commerciale vient aussi l'ascension sociale. Vers 1553, Thomas Lenche se fait construire un hôtel particulier à Marseille (sis à l'actuelle "place de Lenche"). Il entre en 1558 au Conseil de la Ville et devient second consul de Marseille en 1565. Il dote sa fille unique, Désirée, de 24'000 livres, lorsqu'elle épouse en 1565 Jean-Baptise de Forbin, seigneur de Gardanne. La réussite de cette famille se poursuit avec ses neveux, Antonio et Viscente, lesquels possèdent, en 1588, la quatrième fortune de Marseille (140'000 livres). Une seconde compagnie, la "Compagnie du corail", est fondée par un cousin. Avec la confirmation du monopole du commerce de corail par le roi Henri III en 1582, c'est l'ensemble du littoral sptentrional de la Tripolitaine qui est ainsi contrôlé par les compagnies de la famille Lenche. Antoine (Antonio) Lenche épouse en 1570 Jeanne de Bouquin, issue d'une famille de magistrats anoblis, et devient gouverneur du Bastion de France (1568-1588). Elu comme deuxième consul, il est assassiné en 1588 pour avoir pris le parti des royalistes pendant les guerres de religion. Compte tenu des origines spécifiques de cette famille (Corse) et son déploiement géographique, il est quasiment certain que la famille Lincio de Varzo n'a rien à voir avec cette famille établie en Provence, même si la déclniaison du patronyme en différentes variantes pourrait le laisser penser a priori, surtout dans les siècles où l'orthographe des patronymes non encore fixé était très variable selon les actes ! |
C. Le blason de Girolamo Lincio (émigré du Bergamasco à Venise - XVIIe siècle) | ||
Blasonnement de l'écu : "D'or à l'élèphant de sable tourné passant sur une plaine de sinople en pointe, adextré d'un soleil de gueules en splendeur" | ||
Il s'agit ici peut-être du plus "exotique" des blasons reproduit dans le site. Ce blason est lié à l'histoire d'un certain Girolamo (Jérôme) Lincio, qui semble avoir vécu durant le XVIIe siècle à Venise. Les sources proviennent de l'institut "Heraldrys Institute of Rome", sous dossier n° 838838, dont j'ai reproduit ici le blason. L'histoire rapportée par l'institut précité fait mention d'un certain Girolamo Lincio, pauvre enfant, issu d'une famille d'une vallée du Bergamasco, émigré à Venise, où il sert comme aide dans la boutique de droguiste sise au pied du pont du Rialto, à l'enseigne de l'Ange. Cette boutique est alors la propriété de Gaspard Lucca, agrégé en 1654 à la noblesse de Venise sous le nom "del Luccca", durant la guerre de Candie (actuelle Crête). Girolamo Lincio devient directeur de ce même commerce et s'occupe de sa gestion durant de nombreuses années avec beaucoup d'honnêteté et d'habilité. Finalement, après avoir acquis le commerce des héritiers de Gaspard Lucca, il en reste le seul propriétaire. Poursuivant l'exploitation avec succès, il se résoud de demander son acceptation dans le patriciat de Venise, moyennant le versement de la somme habituelle (100 000 ducats). Cette demande est acceptée le 12 avril 1685 et il est alors inscrit comme membre de la noblesse vénitienne, après le vote positif du Sénat de la République le 5 avril, au terme duquel il obtient notamment 135 voix favorables, 18 voix contraires et 4 voix non sincères. Nous ne connaissons malheureusement pas le destin ultérieur de ce personnage, ni de sa descendance éventuelle dans la ville de Venise. Compte tenu des origines spécifiques de cette famille (Bergamasco) et son déploiement géographique, il est quasiment sûr, là aussi, que la famille Lincio de Varzo n'a rien à voir avec cette famille établie à Venise, même si le patronyme est identique ! | ||